« Une forme de guerre » - Iain M. Banks


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Voici un Banks que l'on classe allègrement comme classique du bonhomme voir du genre space opera. Pour ma part si je m'y suis amusé, j'en suis revenu également déçu. Un livre sans doute en-dessous de mes attentes trop élevées...


++ Quatrième de couverture ++

Horza, l'un des derniers métamorphes, peut modifier sa forme à sa guise, ce qui en fait une redoutable machine de guerre.
Il s'est engagé, aux côtés des Idirans, dans une croisade personnelle contre la Culture, cette immense société galactique anarchiste, tolérante, éthique et cynique.
Mais son combat n'est qu'une escarmouche insignifiante dans la grande guerre qui embrase la Galaxie, entre la Culture et les Idirans fanatiques.
Une guerre anachronique : une guerre de religion.



+++ Mon avis +++

Voici un livre que plus d'un classerait comme un classique de la SF d'aujourd'hui. Auteur actif de ce que l'on appelle le Nouveau Space Opera (N.S.O.), Banks est un auteur à succès et qui se classe dans les tops des ventes dans son pays pour ce que j'en sais.

Avec la Culture, il a amené un autre univers dans la galaxie du space opera. Bien plus qu'une aventure de cape et d'épée sur fond étoilé (même si ça en est aussi), Banks nous amène quelques questions de réflexion et une certaine ironie. L'homme est également bien connu pour ces positionnements à gauche de l'échiquier politique et c'est pas pour me déplaire. Il offre par ailleurs quelque chose de bien plus intéressant que cette soupe opéra qui nous offre l'aventure spatiale purement militariste de certains auteurs sans autre fond plus intéressant que le guerrier pour le guerrier. Assez de cet esprit purement martial dans la SF... Ceci dit, chez Banks il y a aussi des guerres, il y a aussi des armes, des capes et des vaisseaux spatiaux. On y retrouve les codes du genre...Mais il se joue également du genre, invente de nouvelles choses, amène des questions, du cynisme, de l'ironie, de la satire, etc.

Pour ce qui est de l'histoire, la quatrième de couverture en dit assez sans trop révéler. Horza est un métamorphe en guerre contre la Culture. Celle-ci, une grand civilisation interplanétaire est en guerre contres les Idirans. Ces derniers, en peuple religieux vindicatif, impérialiste et prosélyte a décidé de convertir la Culture. Celle-ci, soit-disant pacifiste c'est néanmoins lancée dans la guerre par la force des choses. Sur cette toile de fond, on va voir notre métamorphe vogué au travers de son histoire. Propulsé en-dehors du vaisseau idirans suite à une attaque, Horza se retrouvera récupéré par un navire pirate. Par la force des bras plus que par réelle persuasion, il arrivera à rester en vie et à se faire une place dans cette équipe de truands qui se prend pour mission d'aller voler sur un bateau voguant dans une mer qui elle même tourne en rond dans une orbitale. Cette dernière sera anéantie plus que prochainement par la Culture. Alors pour fêter ces derniers instants d'autres personnes vont y jouer une partie de carte plus que particulière : la débâcle. Au milieu de tout cela, Horza prendra sa place, rebondira, fera des rencontres parfois exotiques et parfois délirantes. Survivant encore et toujours il essayera d'arriver à ses fins, celle de sa mission première : retrouver un mental qui s'est évadé de la Culture. Mais arrêtons ici le descriptif.

Iain M. Banks tisse toujours des histoire qui sont rarement purement linéaire. Le texte s'entrecoupant lui-même par des regards d'autres personnages eux-même de la Culture. Néanmoins "Une forme de guerre" est peut-être le texte le plus linéaire des trois que j'ai lus.

Mais une question me vient à l'esprit : pourquoi avoir mis ce texte en troisième pour la version française alors que c'est le premier en anglais? Déjà je trouve que ce dernier n'a pas le niveau stylistique des autres, Banks ayant cette fâcheuse tendance à faire des parenthèses dans les parenthèses, alourdissant son style inutilement. La construction en est plus simple que pour "L'usage des armes" également. Certaines scènes sont à mon avis inutiles, comme celles avec Fwi-Song sur l'île de l'orbitale. Mais malgré tout cela, malgré ma petite déception face à la qualité stylistique du précédent tome, celui-ci reste bien plus rythmé, bien plus facile d'accroche et plaira surement à des tonnes de lecteurs de space opera. Ils y trouveront également ce petit quelque chose de plus malin que le space opera militariste de base car chez Banks il y a quelque chose de plus humain, de plus cynique aussi. 

L'auteur pose ici la question du rôle de l'individu. Dans la SFFF (et plus particulièrement la fantasy) et l'intelligence collective se pose souvent en héros ce personnage qui a lui seul aura réussi à faire bouger l'histoire. Seulement la réalité est bien plus complexe que ces schémas simplistes. Une personne seule n'arrive à rien, il lui faudra toujours l'aide d'autres personnes, l'appui des autres, un contexte favorable, etc. Et si quelque chose de bon ou de mal doit arriver à un moment de l'histoire, c'est qu'un tas d'éléments autres auront aidé à amener ce changement. Alors se pose la question de l'auteur dans ce livre : à quoi bon faire tout cela? Est-ce que cela aura amener un changement? Surtout ici dans cette guerre qui se déroule à une échelle tellement énorme... Chez Banks les héros, s'ils en sont, n'ont pas la destinée avec eux. Ils ne sont probablement pas vecteur du changement à eux seuls. Mais néanmoins ils agissent, que cela soit en bien ou en mal... 

Bref, si j'ai été déçu par le bouquin, il reste néanmoins un excellent bouquin du genre. Fortement recommandable, je le proposerais d'ailleurs facilement en première lecture du Cycle de la Culture. Mais peu échaudé par cette légère déconfiture, j'ai néanmoins embrayé avec un autre Banks. Soyons fou.


+++ Mais encore +++


Première participation au Summer Star Wars Challenge en sa version 2012. 


Autres Billets space opera et planet opera des précédents challenges éponymes.





Il s'agit de mon 10ème livre lu dans le cadre du Challenge Chef d'oeuvre de la SFFF.

SF : 5/9 , Fantasy : 4/7, Fantastique : 1/2

Toutes les chroniques de ce challenge
Mon billet de participation.
Le Billet de présentation du Challenge



+++ Le livre +++
  • Poche: 633 pages
  • Editeur : Le Livre de Poche (11 avril 2003)
  • Collection : Science-fiction
  • Traduction : Hélène Collon
  • Illustration : Manchu
« Une forme de guerre » - Iain M. Banks « Une forme de guerre » - Iain M. Banks Reviewed by Julien le Naufragé on jeudi, juin 21, 2012 Rating: 5

5 commentaires:

  1. C'est justement celui par lequel on m'avait conseillé de commencer la série à l'époque. Je n'ai pas dépassé les cent premières pages, je n'avais pas accroché à la chose (je ne sais plus pourquoi, c'était il y a quatre-cinq ans...). Plus jamais retenté l'auteur depuis.

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  2. Ce roman est hanté par la mort et le renoncement. Ce n'est pas le seul d'après la préface incluse dans le recueil L'état des arts.

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  3. La Culture de Banks a énormément de charme. Je suis totalement d'accord avec toi quand tu dis "Ils y trouveront également ce petit quelque chose de plus malin que le space opera militariste de base car chez Banks il y a quelque chose de plus humain, de plus cynique aussi."
    Même si tu as été déçu, n'hésite pas à continuer avec Excession, on y fait plus ample connaissance avec les IA ;)

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  4. Aaah la Culture...
    J'ai plusieurs livres de ce cycle sur ma PAL, sans jamais en avoir commencé un seul. Il faut dire que malgré son statut de classique, les critiques ne sont pas toujours très bonnes...

    Mais je finirai bien par me faire ma propre idée un jour...

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  5. @ Cachou : Je comprends bien que tu ais abandonné Banks. Ce n'est pas son meilleur ouvrage à mon sens, mais son style d'écriture n'est pas toujours évident à suivre. Ou alors cela demande une habitude...

    @ Efelle : Les romans de Banks semble souvent habité par la mort, le tragique, le renoncement, le "mais à quoi sert tout cela?", etc. Bref, il est pas toujours très positif quoi.

    @ Nomic : J'ai déjà entamé "Les enfeers virtuels" par lequel je suis vraiment conquis. Le style est bien meilleur (ou mieux traduit?) et l'histoire très prenante finalement. Mais j'ai peut-être bien "Excession" ou l'autre ici sur une étagère.

    @ Lorhkan : Certes c'est mis comme classique... mais Banks n'est pas facile d'accès selon moi. Il fait pas dans la bête aventure reposante non plus et c'est pas toujours simple à suivre, tant sur le style que la construction. Mais il y a du fond intéressant et c'est du space op' hors norme.

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