"Solaris" - Stanislas Lem

Classique SF s'il en est, "Solaris" est largement au-dessus de ce que j'en attendais. En bref : une ambiance bien pesante et une belle écriture! Que du plaisir.


++ Quatrième de couverture ++

Une équipe scientifique débarque sur Solaris, un monde inhabité tournant autour de deux soleils. L'immense océan protoplasmique qui recouvre entièrement la planète reste depuis des siècles un irritant mystère.
Dès son arrivée, le Dr Kelvin est intrigué par le comportement du physicien Sartorius et du cybernéticien Snaut, qui semblent terrorisés par la visite d'une femme, Harey ; une femme que Kelvin a autrefois aimée et qui s'est suicidée plusieurs années auparavant.
Impossible... À moins qu'une entité intelligente n'essaie d'entrer en contact avec eux en matérialisant leurs fantasmes les plus secrets, et qu'en l'océan lui-même réside la clé de cette énigme aux dimensions d'un monde.


+++ Mon avis +++

A peine arriver sur Solaris, le Dr Kelvin est vite intrigué par le comportement de ces deux comparses déjà présent dans le lien. Encore plus intriguant, son mentor Gibarian est mort peu de temps avant son arrivée. De son côté le cybernéticien Snaut semblent prêt à communiquer, voir à mettre Kelvin en garde. Quant à Sartorius, il reste enfermé dans sa chambre et nul ne le voit plus. C'est à peine s'ils communiquent ente eux par interphones interposés. Très vite Kelvin comprendra que quelque chose ne va pas et sera même confronté à une apparition... Jusqu'à ce que sa femme se présente à lui. Impossible! Comment est-ce possible? Harey s'est suicidée sur Terre. Et pourtant...

Solaris, la planète n'est pas juste un corps stellaire. Le planétoïde lui-même, dans son intégralité et son unicité est un être vivant. Mais malgré les nombreuses années de présence et d'étude de l'homme, ce dernier n'a toujours pas réussi à entrer en contact et à échanger avec Solaris. Pourtant ici, très vite nos personnages ont compris que c'était Solaris qui matérialisait leurs fantasmes les plus secrets. Et en bon cartésien, ils ont d'autant plus de mal à accepter ce fait... Tout en s'y noyant corps et âme, parfois jusqu'à la folie.

"Solaris" de Stanilas Lem se classe généralement dans pas mal de listes de classiques SF à lire. Pour ma part, je ne l'avais jamais lu. J'avais bien sur vu le film il y a quelques années et dont je gardais un bon souvenir mais sans plus de détails au jour d'aujourd'hui. Le livre lu, et si je dois comparer l'œuvre de Stanilas Lem au film de Steven Soderbergh, hé bien je pense que le livre est bien plus riche en textures diverses. Et par la même occasion on comprend mieux pourquoi on a voulu l'adapter à l'écran. Mais là, aujourd'hui, je trouve que le livre reste bien au-dessus du film. Mais fallait-il encore le dire? 

Ce qui frappe rapidement à la lecture de ce livre c'est l'ambiance pesante. L'auteur arrive à créer un huis clos réellement prenant. Il faut dire que le space opera ce prête assez bien à cela, encore qu'ici on est plutôt sur du planet opera si l'on tient à la précision.

"Solaris" est donc un vrais huis clos. Une ambiance sombre, fermée et lourde se dégage de ce roman. S'il surfe en plain planet opera, Stanislas Lem invite largement le fantastique dans cette œuvre, à tel point que ce roman pourrait tout autant se classer dans un rayon comme dans l'autre. En fin constructeur de son récit, Stanislas Lem arrive à couper son récit d'informations scientifiques sur la planète. Intermèdes qui créent une bouffée d'air agréable avant de replonger plus profondément. Malheureusement, ces partie plus "techniques" rebuteront peut-être certains lecteurs néanmoins ils ajoutent une certaines poésie d'ensemble et un contexte à la planète qu'est Solaris.

Par ailleurs, j'ai été étonné de voir la qualité d'écriture de Stanislas Lem, bien rendue ou magnifiée par la traduction de Jean-Michel Jasienko. Les pages coulent entre les doigts et le livre se lit à une vitesse que l'on ne peut espérer tant on est immergé dans l'histoire. Sans oublier que Stanislas Lem, en bon auteur de SF, n'hésite pas à y ajouter quelque profondeur bien intéressante qui ajoute encore à la qualité d'ensemble, réfléchissant ainsi sur notre manière d'être avec les autres, sur ce que parfois nous cherchons réellement sans peut-être nous en rendre compte.

Bref, "Solaris" est un classique qui ne vole pas ses lettres d'or. Un livre que j'aurais déjà du lire il y a longtemps, mais qui aujourd'hui m'a fourni un grand plaisir de lecture. A lire donc!

Extraits: 

"Nous ne voulons pas conquérir le cosmos, nous voulons seulement étendre la Terre jusqu'aux frontières du cosmos. Telle planète sera aride comme le Sahara, telle autre glaciale comme nos région polaires, telle autre luxuriante comme l'Amazonie. Nous sommes humanitaires et chevaleresques, nous ne voulons pas asservir d'autres races, nous voulons simplement leur transmettre nos valeurs et en échange nous emparer de leur patrimoine. Nous nous considérons comme les chevaliers du Saint-Contact. C'est un second mensonge. Nous ne recherchons que l'homme. Nous n'avons pas besoin d'autres mondes. Un seul monde, notre monde nous suffit, mais nous ne l'encaissons pas tel qu'il est. Nous recherchons une image idéale de notre propre monde; nous partons en quête d'une planète, d'une civilisation supérieure à la nôtre, mais développée sur la base du prototype de notre passé primitif. D'autre part, il existe en nous quelque chose que nous refusons, dont nous nous défendons, et qui pourtant demeure, car nous ne quittons pas la Terre à l'état d'essence de toutes les vertus, ce n'est pas uniquement une statue de l'Homme-Héros qui s'envole! Nous nous posons ici tels que nous sommes en réalité, et quand la page se tourne et nous révèle cette réalité - cette partie de notre réalité que nous préférons passer sous silence - nous ne sommes plus d'accord!" (p116-117)


+++ Mais encore +++
 


Troisième participation au Summer Star Wars Challenge en sa version 2012. 
Autres Billets space opera et planet opera des précédents challenges éponymes.






Il s'agit de mon 11ème livre lu dans le cadre du Challenge Chef d'oeuvre de la SFFF.

SF : 6/9 , Fantasy : 4/7, Fantastique : 1/2

Toutes les chroniques de ce challenge
Mon billet de participation.
Le Billet de présentation du Challenge



+++ Le livre +++
  • Broché: 319 pages
  • Editeur : Gallimard (31 mars 2002)
  • Collection : Folio
  • Traduction : Jean-Michel Jasienko
"Solaris" - Stanislas Lem "Solaris" - Stanislas Lem Reviewed by Julien le Naufragé on vendredi, juillet 06, 2012 Rating: 5

10 commentaires:

  1. Eh bien, voilà qui me donne sérieusement envie de lire un livre qui traîne depuis des années dans ma bibli sans avoir réussi à réellement me tenter!

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  2. C'est LE classique de Stanislas Lem en effet ! INDISPENSABLE.

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  3. Pour ce qui est de l'adaptation cinématographique, je ne peux que conseiller celle de Tarkowski, qui prend d'avantage le temps de décrire les paysages mentaux des protagonistes. Celle de Soderbergh s'est axée malheureusement sur les motifs religieux du péché et du pardon, alors que Lem déploie dans l'oeuvre originel le sentiment d'impasse face à une forme de vie totalement étrangère, qui rend caduques toute construction philologique humaine. Tarkowski est en cela beaucoup plus proche de l'oeuvre originale.

    Bravo Julien pour ce billet.

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  4. Tu confirmes donc le statut de ce roman.
    Il est dans ma PAL depuis bien trop longtemps, et mériterai d'en sortir enfin !
    Merci pour cette chronique ! ;)

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  5. @ Cachou : Alors lis-le. Tu le liras surement très vite, c'est assez prenant et bien écrit!

    @ Guillaume44 : Par contre de Stanislas Lem, il devient difficile de trouver autre chose en rayon, non?

    @ Marcel Trucmuche : Toujours un plaisir de lire tes commentaires. Surtout si c'est pour me dire bravo ;-)
    Mais trêves de douceurs, je ne connaissais pas cette adaptation de Tarkowski. Je regarderai à la Médiathèque si il y a cela en rayons. Merci pour l'info.

    @ Lorkhan : Je confirme le statut. Et il m'attendais depuis longtemps. Il est finalement temps que je lise mes classique... même si comme celui-ci on connait grossièrement l'histoire via le film. A lire donc.

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  6. Pas en seconde main. J'ai trouvé plusieurs de ses livres à la Bourse, dont "Le congrès de futurologie", qui m'a laissé un très bon souvenir.

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  7. @ Cachou : Titre intéressant que ce "congrès de futurologie".

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  8. Le congrès de futurologie est d'un humour ravageur. Lem est d'ailleurs assez proche de Vonnegut quand il s'agit d'être acerbe sur les dérives de la science et du pouvoir. "Mémoires trouvées dans une baignoire" (paru en livre de poche dans les années 70) est l'un des plus drôle et kafkaïen.

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  9. @ Marcel Trucmuche : Merci pour le complément d'infos. A trouver plutôt dans le rayon des okaz j'imagine?? Comme Vonnegut d'ailleurs.

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  10. ATTENTION SPOILER ! J'avoue que je n’ai pas aimé la fin, je ne sais pas trop pourquoi, sans doute l’idée que le personnage reste sur la planète Solaris à attendre le retour de sa belle ou plutôt du duplicata de sa belle, indéfiniment. Il y a de longs passages très scientifiques durant lesquels j’ai dû m’accrocher. Je me souviens avoir vu le film et n’avoir pas compris pourquoi l’océan était absent de cette adaptation alors qu’il est le personnage principal de l’histoire, finalement. Un être vivant mystérieux, démesuré, que les humains sont incapables de comprendre. Et lui, les comprend-t-il ? En tout cas, il pénètre leur inconscient et en extraie certaines images fortes qu’il transforme en réalité. Ainsi il redonne vie à la compagne décédée par suicide du héros, enfin, il en créé une copie presque conforme, une sorte d’androïde qui vit et s’interroge. L’aspect le plus intéressant et le plus intriguant de cette histoire, selon moi.
    Pas de scènes explicites, on se demande si le héros couche ou non avec la créature créée par l’océan plasmatique… Un roman écrit aujourd’hui serait sans doute plus explicite, moins retenu. Pas mal d’éléments ne sont pas précisés, finalement. On ne saura jamais quelles créatures visitaient les compagnons de Kelvin et les rendaient fous.
    Une large part est laissée à l’imagination grâce aux non dits. On n’est pas loin de l’horreur, finalement quand, par exemple, on essaie d’imaginer ce qui est arrivé à la première créature dont Kelvin a cherché à se débarrasser en l’envoyant dans l’espace et c’est beurk.
    Un roman que je recommande même si le côté scientifique, la froideur peut rebuter.

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